LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Identification, fissuration, désolation

Rencontrer des insectes, ce n'est pas un problème.

La diversité des espèces habitant nos jardins dépasse, de loin, ce que nous pouvons imaginer avant de nous intéresser à eux.

Les prendre en photo est plus difficile, mais ne nécessite ni d'être un expert, ni de posséder un matériel onéreux.

Dolycoris baccarum (3) (pentatome des baies):

 

PENTATOMIDAE Dolycoris baccarum 4.JPG
 

Calopteryx splendens (3) (caloptéryx éclatant):

 

CALOPTERYGIDAE Calopteryx splendens 3.JPG

 

Acmaeodera degener (3):

 

BUPRESTIDAE Acmaeodera degener 3.JPG

 

En ce qui nous concerne, nous avons commencé avec deux boîtiers Pentax, un K50:

 

2-m.jpg

(droits réservés)

 

et un K200:

 

frontview.jpeg

(droits réservés)

 

L'un acheté neuf et l'autre d'occasion (prix total environ 600 euros).

Et deux objectifs, un téléobjectif Pentax 50/200 (environ 200 euros):

 

canvas.png

(droits réservés)

 

Un objectif macro (nécessaire pour les photos d'insectes), Pentax 100mm (600 euros):

 

pentax_100.jpg

(droits réservés)

 

Soit 1400 euros au total.

Ce n'est pas donné pour des budgets modestes, mais nous sommes loin des prix atteints par un Nikon D5 par exemple, dont le boitier nu frôle les 7000 euros.

Par ailleurs, le matériel photographique peut s'acheter entièrement d'occasion.

 

Réussir les photos n'est pas si difficile.

Au début, il y a beaucoup de déchet, car l'on utilise (à tort) les modes "automatique" et "autofocus".

Mais certains clichés restent assez réussis, donc faisables par n'importe qui, même un débutant.

Une de nos premières photos, Lasiommata megera (3) (mégère):

 

NYMPHALIDAE Lasiommata megera 3 (mégère  mâle).JPG

 

L'avantage du numérique est évident.

Il permet de multiplier les photos et de foutre à la poubelle les plus merdiques.

Sauf dans les cas où l'insecte a foutu trop vite le camp.

Auquel cas, nous ne disposons plus que d'une seule photo ratée.

Paragus haemorrhous (2):

 

SYRPHIDAE Paragus haemorrhous 1.JPG

Rapidement, on parvient à se passer de l'autofocus, qui pose problème pour les insectes, et on utilise les modes semi-manuels.

Ils permettent, entre autre, de solutionner les problèmes de profondeur de champ.

En ce qui nous concerne, nous n'avions jamais utilisé de reflex numérique avant 2015.

Et nous ne lisons jamais les notices.

Donc tout le monde peut en faire autant, si ce n'est mieux.

 

Un autre énorme avantage du numérique est que n'importe quel ordinateur dispose maintenant d'une application pour retoucher les photos.

Quand la photo est complètement ratée, il n'y a rien à faire.

Si elle est juste à peu près réussie, on peut s'en sortir.

 

Prenons la photo de base d'une abeille domestique.

 

IMGP9660.JPG

 

L'insecte est loin.

Il parait très petit, perdu au milieu du cliché.

Voici la même photo après recadrage. 

 

IMGP9660.JPG

 

On voit bien l'insecte.

Il y a un léger flou, mais pas énorme.

Voici encore la même photo après ajustements.

 

IMGP9660.JPG

 

Elle devient exploitable, et peut être publiée, alors que la photo de départ étant sensiblement merdique.

 

Un autre exemple avec ce syrphe à ceintures.

Sur la photo initiale, on n'y voit quasiment rien.

 

IMGP9663.JPG

 

Après recentrage, çà va déjà un peu mieux.

 

IMGP9663.JPG

 

Après ajustements, on parvient à voir la nervation alaire.

La photo est presque bonne.

 

IMGP9663.JPG
 

Nous pourrions multiplier ce type d'exemples à l'infini.

La vraie difficulté en entomologie n'est donc pas la photo.

Elle réside dans l'identification.

 

Dans les premiers temps, on commet des erreurs de débutants.

Qui peuvent paraître grotesques à n'importe quel entomologiste un tant soit peu averti.

Par exemple, au début, nous ne savions pas différencier cette mégachile, dont l'allure est pourtant caractéristique, d'une collète.

 

MEGACHILIDAE Megachile sp. 3.JPG

 

Il s'agit là d'une erreur de profane.

Les mégachiles accumulent le pollen grâce à une brosse qui est située sur la partie ventrale de l'abdomen.

Ce qui leur confère un look "cambré" caractéristique.

 

MEGACHILIDAE Megachile albisecta 2 - Copie.JPG

 

Contrairement aux collètes dont les brosses sont situées sur les tibias postérieurs:

 

COLLETIDAE Colletes daviesanus 2 - Copie.JPG

 

Les halictes, autre famille d'abeilles sauvages, ressemblent aussi aux mégachiles.

Si l'on se contente de guides généralistes pour débutants, il est impossible de les reconnaître entre elles, sauf caractéristiques particulières. 

En dehors de leur allure générale, les halictes sont très différentes des mégachiles

Elles disposent de corbeilles à pollen, comme les abeilles domestiques, situées au niveau des tibias des pattes postérieures, la brosse étant située au niveau du tarse.

De fait, lorsqu'elles butinent, elles adoptent la position inverse de celle des mégachiles, "voûtée"...

 

HALICTIDAE Halictus sp. 2.JPG

 

... et non pas "cambrée".

 

MEGACHILIDAE Megachile centuncularis 2.JPG

 

Lorsque l'on rencontre une halicte en train de butiner, avec un minimum d'expérience, on reconnait une halicte.

Par contre, reconnaître les halictes entre elles est extrêmement difficile.

Sauf si l'espèce concernée dispose d'un caractère évident.

Comme, dans ce cas, la couleur dorée de l'abdomen.

Halictus subauratus (3):

 

HALICTIDAE Halictus subauratus 1.JPG
 

Un autre exemple d'erreur typique que ne peut éviter un débutant: une petite mouche vert métallique sur du fenouil.

 

LONCHAEIDAE Setisquamalonchaea sp. 4.JPG

 

Si on cherche un équivalent dans un guide généraliste, on peut penser qu'il s'agit d'un membre de la famille des Stratiomyidae.

En fait, nous sommes loin du compte (à part la couleur).

Voici à quoi ressemble un Stratiomyidae.

Nous avons un peu galéré pour l'espèce, mais la famille, du moins, est évidente.

Chorisops negatomii (3):

 

STRATIOMYIDAE Chorisops nagatomii.JPG 

 

La couleur vert métallique ne suffit pas.

Mais la forme des pattes et des antennes sont un bon indicateur. 

 

En fait, l'autre petite mouche appartient à la famille des Lonchaeidae.

Setisquamalonchaea sp. (3):

 

LONCHAEIDAE Setisquamalonchaea fumosa 1.JPG

 

Nous vous assurons que nous n'avons pas inventé le nom: il s'agit bien de Setisquamalonchaea.

Les latinistes distingués sauront traduire:

setia = poil rude, squama = écaille ou côte de maille, loncha = lance.

Qu'est-ce que cela peut-il bien signifier?

Si l'on suit l'étymologie du mot, cela pourrait donner "porte-lance mal rasé en armure d'écailles"

Nous avons cherché sur un moteur de recherche à quoi cela pouvait bien correspondre.

Nous avons trouvé çà:

 

porte_glaive1.jpg

(droits réservés)

 

Sur l'image, on ne voit pas s'ils sont rasés de près ou non, et la ressemblance est tout de même assez lointaine.

On retrouve dans le nom de la famille le suffixe "loncha", signifiant "lance".

De fait, les anglo-saxons appellent les Lonchaeidae les "mouches à lance".

Nous n'avons toujours pas compris pourquoi.

 

Il y a quelques années en arrière, nous ne savions même pas que les Stratiomyidae existaient.

Encore moins les Lonchaeidae.

Mais cela n'est rien: il suffit de feuilleter quelques guides appropriés.

Et surtout se promener se promener sur quelques sites.

Nous fournissons des titres sur les autres articles concernant l'identification.

 

Une fois franchis les premiers obstacles, les vraies difficultés arrivent.

Elles augmentent même avec le temps, lorsque l'on se croit un peu plus balèze...

Un jour, par exemple, on finit par se heurter au mur des lucilles: basicosta, soies acrosticales...

K.O. technique!

Accrochez-vous, là, çà commence à chauffer: la fissuration s'approche.

Lucilia X:

 

CALLIPHORIDAE Lucilla sp. 7.JPG

 

Lucilia Y:

 

CALLIPHORIDAE Lucilla sp. 5.JPG
 

Lucilia Z:

 

CALLIPHORIDAE Lucilia ampullacea (mouche cuivrée).JPG 

 

Il existe neuf espèces de Lucilia en France.

Il est absolument impossible de déterminer à quelle espèce correspondent les trois clichés précédents.

 

Une problématique similaire se pose pour les Hylaeus.

En général, on comprend que l'on a affaire au genre en question.

Pour l'espèce, cela devient plus compliqué.

Hylaeus communis (1):

 

COLLETIDAE Hylaeus communis 4 (2).JPG 

 

Hylaeus hyalinatus (1):

 

COLLETIDAE Hylaeus hyalinatus.JPG

 

Hylaeus signatus (1):

 

COLLETIDAE Hylaeus signatus 3.JPG

 

En fait, des identifications de ce type, à partir de ces photos (la deuxième est particulièrement mauvaise), sont une mascarade.

Aucun entomologiste sérieux ne procède ainsi.

Il s'agit d'une approche très approximative, typique du débutant.

Nous n'aurions du garder que les photos valables.

Et nous contenter de laisser l'espèce en suspens.

Hylaeus sp. (3):

 

COLLETIDAE Hylaeus sp. 2.JPG

 

Quand on comprend que cela se joue parfois à un poil près (au sens propre), on a aussi compris que l'on n'y arrivera pas.

Que l'on restera pour toujours des amateurs.

Que l'on ne saura jamais identifier à coup sûr certaines espèces.

 

Ainsi s'égrène la liste des "sp." = "species" = "espèce inconnue".

Cela permet de remplacer les codes (0) (espèce possible) et (1) (espèce probable) par le code (3).

Car le genre, souvent, est certain.

Calliphora sp. (3):

 

CALLIPHORIDAE Calliphora vicina 2.JPG

 

Sciara sp. (3):

 

SCIARIDAE Sciara sp. 3.JPG
 

Hebecnema sp. (3):

 

MUSCIDAE Hebecnema sp. 1.JPG

 

Etc, etc, etc.

Quand nous constatons que nos fichiers d’espèces indéterminées grossissent, la désolation fait suite à la fissuration.

Mais tout cela ne doit rester, pour l’amateur, qu'un jeu.

 

L'ampleur de la tâche ne doit pas rebuter car, de toutes manières, nous n'explorerons jamais qu'une parcelle du tout.

Au moins, en ce qui nous concerne, nous restons sagement installés dans le cadre de notre jardin.

Cela nous évitera les crises d'épilepsie.

Par ailleurs, nous utilisons notre "mauvaise foi" pour les identifications.

Nous avons choisi l'option de toujours proposer une espèce, même quand celle-ci est indéterminable.

Nous précisons simplement par notre code chiffré un niveau de probabilité.

Ainsi, notre "mauvaise foi" n'est que partielle.

Voici un exemple de cette "mauvaise foi" concernant les Lonchaeidae, déjà évoqués plus haut.

Lamprolonchaea smaragdi (0):

 

LONCHAEIDAE Lamprolonchaea smaragdi 2.JPG

 

Setisquamalonchaea fumosa (0):

 

LONCHAEIDAE Setisquamalonchaea fumosa 2.JPG
  

Nous joignons ici un tableau récapitulatif du nombre d'insectes présents en France (il faut préciser qu'il ne s'agit que des insectes, donc araignées, cloportes, etc. ne sont pas comptabilisés).

 

xxx.jpg

 

Quelque part sur le web, nous avons rencontré quelqu'un se vantant d'environ 1300 espèces différentes dans son jardin sur quelques années.

Nous n'allons pas tarder à dépasser ce nombre.

Est-ce à dire que nous sommes presque arrivés au bout de notre inventaire?

Dans la mesure où notre jardin est très grand, 100% biologique, et assez bien situé, nous pouvons penser que de très nombreuses espèces restent à rencontrer.

Nous en avons la conviction.

Sinon ce blog n'aurait aucun sens.

 

 

 

 

 

 

 



01/12/2016
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