LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Techniques de défense (et parfois d'attaque)

Les lois de la nature étant ce qu'elles sont, de nombreux insectes et autres arthropodes sont victimes de la prédation.

Mais tous ne se sont pas résignés à se laisser simplement dévorer.

Un grand nombre d'entre eux ont élaboré des techniques pour se protéger de ceux qui les chassent.

Ces stratégies ont été élaborées au cours de millions d'années et sont le reflet de l'évolution lente et complexe du monde vivant.

Nous les avons déjà évoquées dans deux précédents articles consacrés aux syrphes et aux bombyles.

Nous allons tenter de développer un peu ici.

 

La première technique qui évite la prédation est très simple.

Elle consiste en se cacher.

Agapanthia suturalis (2): 

 

CERAMBYCIDAE Agapanthia suturalis 2.JPG

 

De nombreuses espèces se sont adaptées, au fil du temps, à des vies semi-souterraines, les soustrayant au regard des éventuels prédateurs.

Tricholepisma aurea (2) (poisson d'argent):

 

ZYGENTOMA LEPISMATIDAE Tricholepisma sp. 2.JPG

 

Forficula auricularia (3) (perce-oreille):

 

DERMAPTERA FORFICULIDAE Forficula auricularia 3.JPG

 

Cela fonctionne encore mieux si l'on dispose d'une bonne armure.

Cylisticus convexus (1):

 

ISOPODA CYLISTICIDAE Cylisticus convexus 2.JPG
 

Armadillidium depressum (2) (cloporte commun):

 

ISOPODA ARMADILLIDIIDAE Armadillidium depressum 2.JPG
  

Certaines de ces espèces sont des insectes extrêmement répandus.

Mais, de fait, on ne les voit pas très souvent.

A moins de soulever des pierres.

 

La majorité des insectes, évidemment, ne vivent pas sous la terre.

Une manière, pour eux, de se cacher consiste donc en se fondre dans le paysage.

Les différentes techniques de camouflage employées correspondent à ce que l'on nomme le mimétisme cryptique.

L'insecte peut prendre l'apparence d'une branche.

Empusa pennata (3) (diablotin):

 

DICTYOPTERA EMPUSIDAE Empusa pennata 3.JPG
 

Clonopsis gallica (2) (phasme):

 

PHASMATODEA BACILLIDAE Clonopsis gallica 1.JPG

 

Celle d'une feuille morte.

Maniola jurtina (3) (myrtil):

 

NYMPHALIDAE Maniola jurtina 4.JPG

 

D'un brin d'herbe desséché.

Crombugghia distans (2):

 

PTEROPHORIDAE Crombrugghia distans 1.JPG

 

Ou adopter la couleur de la végétation.

Empoasca vitis (2) (cicadelle verte de la vigne):

 

CICADELLIDAE Empoasca vitis.JPG
 

Miridius quadrivirgatus (2):

 

MIRIDAE Miridus quadrivirgatus.JPG

 

Cacopsylla fulguralis (2) (psylle de l'éléagnus):

 

PSYLLIDAE Cacopsylla fulguralis 1.JPG

 

Se pourrait-il que ce bupreste ait copié en même temps les couleurs de la feuille et de la fleur?

Anthaxia hungarica (3) (anthaxie hongroise):

 

BUPRESTIDAE Anthaxia hungarica 2.JPG

 

Parfois, l'insecte est à la fois phytophage et entomophage.

Il peut donc être soit victime, soit chasseur.

Le camouflage lui est alors utile dans les deux circonstances.

Tettigonia viridissima (forme immature de grande sauterelle verte) (3):

 

TETTIGONIIDAE Tettigonia viridissima 4.JPG
 

D'autres fois, l'espèce est strictement entomophage.

Heriaeus hirtus (3) (thomise hirsute):

 

THOMISIDAE Heriaeus hirtus 3.JPG

 

Une autre technique de défense consiste à présenter un leurre sur une partie de son corps.

On nomme cela l'auto-mimétisme.

Un grand nombre de papillons utilisent cette technique.

Leurs ailes arborent des ocelles, ressemblant à des yeux démesurés, sensées dérouter l'adversaire éventuel.

Pararge aegeria (3) (tircis):

 

NYMPHALIDAE Pararge aegeria 4.JPG

 

Curieusement, le myrtil utilise les deux techniques, mimétisme cryptique et auto-mimétisme.

Si l'aile antérieure dépasse l'aile postérieure, alors une ocelle apparaît.

Maniola jurtina (3) (myrtil):

 

NYMPHALIDAE Maniola jurtina 3 (myrtil).JPG

 

Une troisième technique de défense, bien plus élaborée, consiste à se travestir en un insecte dangereux.

Cette méthode, utilisée par les syrphes, a déjà été évoquée dans des articles précédents.

Elle correspond au mimétisme de type Batésien.

Ce qui est surprenant, dans ce cas, c'est que des millions d'années ont été nécessaires afin que des mouches (inoffensives) finissent par ressembler à des hyménoptères (venimeux).

Ce qui est encore plus surprenant, c'est que les syrphes ont mimé de nombreuses espèces d'hyménoptères différents.

Certains ressemblent à des abeilles.

Eristalinus taeniops (3) (syrphe aux yeux rayés):

 

SYRPHIDAE Eristalinus taeniops 1.JPG

 

D'autres à des frelons.

Milesia crabroniformis (3) (milésie faux-frelon):

 

SYRPHIDAE Milesia crabroniformis 1.JPG

 

Beaucoup ressemblent à des guêpes.

Chrysotoxum fasciatum (2) (chrysotoxe fascié):

 

SYRPHIDAE Chrysotoxum fasciatum.JPG
 

Xanthogramma citrofasciatum (3):

 

SYRPHIDAE Xanthogramma citrofasciatum.JPG
 

Xanthogramma dives (3):

 

SYRPHIDAE Xanthogramma dives.JPG
 

Et certains, on ne sait pas trop à quoi ils ressemblent.

On parle, dans ces cas, de mimétisme imparfait.

Eumerus funeralis (2):

 

SYRPHIDAE Eumerus funeralis.JPG

 

Certaines mouches, réputées dangereuses, n'ont pas besoin de se travestir.

Tabanus automnalis (2) (taon d'automne):

 

TABANIDAE Tabanus automnalis.JPG

 

De fait, certains syrphes les ont copiées.

Merodon avidus (2):

 

SYRPHIDAE Merodon avidis 2.JPG

 

Mais aussi certaines Thérévides.

Thereva aurata (2) (thérève dorée):

 

TABANIDAE Tabanus sp..JPG

 

Dans ces cas, nous avons affaire à des mouches qui ressemblent à d'autres mouches.

 

L'aposématisme est encore un autre mode de défense pratiqué par les insectes.

Il ne correspond pas à un mimétisme.

Dans ce cas, l'insecte se pare de couleurs très vives, signalant aux prédateurs sa toxicité.

De fait, le prédateur finit par associer les couleurs en question au caractère "immangeable" de l'espèce, et conclut qu'il vaut mieux s'en détourner.

Nous avons vu dans un article précédent que cette méthode est celle adoptée par les coccinelles.

 

xxx.jpg

(droits réservés)

 

Ce ne sont pas les seules.

Certaines punaises de la famille des Pentatomidae adoptent les mêmes couleurs, rouge et noire.

Signalant ainsi qu'elles sont impropres à la consommation.

Eurydema ornata (3) (punaise rouge du chou):

 

PENTATOMIDAE Eurydema ornata.JPG

 

Lorsque d'autres insectes, consommables, se parent des mêmes couleurs, ils échappent aussi à la prédation.

Dans ce cas, il s'agit d'un autre exemple de mimétisme Batésien.

Par exemple certains cercopes.

Cercopis intermedia (3) (cercope intermédiaire):

 

CERCOPIDAE Cercopsis intermedia 2 (2).JPG
 

Le mimétisme de type Batésien profite au mime.

Mais il peut nuire à l'espèce "copiée".

En effet, si les prédateurs constatent que certains "mimes" sont consommables, la pression de prédation peut s'exercer à nouveau sur les espèces "toxiques".

 

Par contre, lorsqu'une espèce "toxique" ressemble à une autre espèce "toxique", le bénéfice est partagé par les deux espèces.

On parle, dans ce cas, de mimétisme de type Müllerien.

Raglius alboacuminatus (3):

 

LYGAEIDAE Raglius alboacuminatus.JPG

 

C'est probablement dans ce type de stratégies que s'inscrit le choix, par de nombreuses espèces, de la casaque rouge-orange à points noirs caractéristique de Coccinella septumpunctata.

Crioceris duodecimpunctata (3):

 

CHRYSOMELIDAE Crioceris duodecimpunctata (2).JPG

 

Lachnaia tristigma (3):

 

CHRYSOMELIDAE Cryptocephalus trimaculatus 2.JPG

 

Il arrive parfois que des insectes, eux-mêmes prédateurs, se protègent aussi.

C'est, encore une fois, le cas des coccinelles.

Mais aussi de certaines réduves.

Peirates hybridus (3):

 

REDUVIIDAE Peirates hybridus 1.JPG

 

En se travestissant ainsi, ils se protègent de leurs propres prédateurs.

De plus, prenant l'apparence d'espèces réputées non prédatrices, cela peut favoriser l'accessibilité des proies.

Dans ce cas, nous aurions affaire à un mimétisme de type Mertensien.

Bien que ce type de tactique soit essentiellement décrite chez les serpents.

 

Tout cela ne sont que des exemples.

Rencontrés dans un seul jardin.

Les techniques de mimétisme rapportées ici ont été décrites par des biologistes évolutionnistes s'inscrivant dans la lignée des deux géants que sont Lamarck et Darwin.

Elles reflètent l'immense sophistication des interrelations existant entre les êtres vivants.

Mais la complexité du vivant ne nous apparaîtra jamais que de manière parcellaire.

 

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(droits réservés)

 

Tous ceux qui se sont risqués à l'analyser, aussi brillants soient-ils, ont fini par attraper le tournis.

 

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Une seule chose est sûre.

A notre proximité immédiate, se situe un monde encore grandement ignoré.

Qui devrait nous inciter à un peu plus d'humilité.

 

 

 

 

 



13/08/2019
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