LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

Une mare, des libellules

Il existe une centaine d'espèces d'odonates en France.

Cela peut paraître beaucoup.

Cela est, en réalité, très peu par rapport à d'autres ordres.

Pour autant, les libellules, bien que peu nombreuses, sont particulièrement "visibles", car elles font partie des insectes les plus gros.

Par ailleurs, elles sont souvent faciles à photographier.

En effet, elles attendent parfois, immobiles, à l’affût.

Libellula depressa (3) (libellule déprimée):

 

LIBELLULIDAE Libellula depressa 7.JPG

 

Orthetrum cancellatum (3) (orthétrum réticulé):

 

LIBELLULIDAE Orthetrum cancellatum 6.JPG

 

Lors de l'hiver 2015/2016, nous avons fait creuser une mare dans une partie de notre terrain, qui est inondable en cas de grosses précipitations.

A ce sujet, voir l'article "une mare dans le jardin".

 

IMGP3464 (2).JPG

 

L'idée était, au départ, de créer un bassin de déversement.

Accessoirement, nous espérions voir s'y développer un écosystème.

En particulier, notre espoir se portait sur les odonates.

 

Nous étions nuls en entomologie.

 

305957096-point-d'interrogation-douter-insecurite-dessin-anime.jpg

(droits réservés)

 

Mais nous avions remarqué la présence occasionnelle de libellules de diverses couleurs dans le jardin, où existaient déjà deux petits bassins.

 

Au début du printemps 2016, notre mare n'avait que quelques semaines d'existence.

Et déjà les libellules arrivèrent.

La première espèce rencontrée fut Libellula depressa, en nom vernaculaire: libellule déprimée.

Elle est ainsi nommée non pas pour ses humeurs moroses.

Mais à cause de son abdomen qui est un peu aplati.

Libellula depressa femelle (3) (libellule déprimée):

 

LIBELLULIDAE Libellula depressa 1 (libellule déprimée femelle).JPG

 

Libellula depressa (3) mâle:

 

LIBELLULIDAE Libellula depressa 2 (libellule déprimée mâle).JPG

 

D'autres espèces apparurent assez vite.

Crocothemis erythrea (3) (crocothémis écarlate):

 

LIBELLULIDAE Crocothemis erythrea 1 (crocothémis écarlate mâle).JPG

 

Ischnura elegans (3) (agrion élégant):

 

COENAGRIONIDAE Ischnura elegans 1 (agrion élégant).JPG

 

Coenagrion puella (3) (agrion jouvencelle):

 

COENAGRIONIDAE Coenagrion puella 1 (agrion jouvencelle mâle).JPG

 

Les deux dernières espèces étaient, pour de complets débutants, assez semblables.

Nous avons compris très vite que nous devrions nous documenter un peu sur le sujet.

Un ouvrage nous fut très utile: le "Cahier d'identification des libellules de France".

 

12650_1.jpg

(droits réservés)

 

Il nous permit, entre autre, de comprendre pourquoi les deux premières espèces rencontrées autour de notre mare avait été Libellula depressa et Crocothemis erythrea.

Ici, Libellula depressa et Crocothemis erythrea sur la même branche de prêle:

 

LIBELLULIDAE Libellula depressa 4 (libellule déprimée mâle).JPG

 

Celles-ci sont, en effet, des espèces "pionnières".

C'est-à-dire des espèces qui colonisent les nouveaux milieux aquatiques mis à leur disposition.

En gros, il suffit de faire un trou assez grand et de le remplir d'eau et vous y verrez, dès les beaux jours, voleter des libellules déprimées et des crocothémis écarlates.

Rien que ces deux espèces offrent des spectacles variées car leurs couleurs diffèrent selon leur degré de maturation et selon le sexe.

Libellula depressa (3), un vieux mâle:

 

LIBELLULIDAE Libellula depressa 3 (libellule déprimée mâle).JPG

 

Crocothemis erythrea (3), un jeune mâle:

 

LIBELLULIDAE Crocothemis erythrea 7 (crocothémis écarlate mâle immature).JPG

 

Crocothemis erythrea (3), une femelle:

 

LIBELLULIDAE Crocothemis erythrea 5 (crocothémis écarlate femelle).JPG

 

Profanes en entomologie, nous avons appris à utiliser les noms latins, plutôt que les noms vernaculaires.

Pour une raison très simple: bon nombre d'espèces d'insectes ne disposent pas de nom vernaculaire.

La règle, en matière de classification des êtres vivants, veut que le genre soit inscrit avec une majuscule et l'espèce avec une minuscule.

Donc: "Crocothemis erythrea".

Ou, si l'on veut, "crocothémis écarlate" si l'on choisit le nom vernaculaire.

Mais jamais "crocothemis erythrea".

De plus, l'habitude est d'écrire les noms latins en italique: Crocothemis erythrea.

 

Les odonates sont, en général, l'une des premières cibles de l'entomologiste amateur.

Très visibles, ils sont faciles à repérer.

Mais il n'est pas toujours aisé de les photographier.

Sympecma fusca (3) (brunette hivernale):

 

LESTIDAE Sympecma fusca 2 (brunette hivernale).JPG

 

Bon nombre d'images sont prises à proximité immédiate de la mare, d'autres plus loin.

De fait, nous ne saurons jamais si certaines espèces naquirent chez nous, où ailleurs.

Aeshna mixta (3) (æschne mixte):

 

AESHNIDAE Aeshna mixta 1 (aeschne mixte jeune mâle).JPG

 

Platycnemis latipes, bien qu'assez banal, nous posa un problème de détermination en raison de son polymorphisme.

C'est à cette occasion que nous découvrîmes le site "le monde des insectes", sur lequel nous revenons dans d'autres articles, et qui fut d'une aide inestimable.

Platycnemis latipes (3) (agrion blanchâtre):

 

PLATYCNEMIDAE Platycnemis latipes 1 (agrion blanchâtre femelle).JPG

 

D'autres espèces sont plus faciles à déterminer.

Sympetrum fonscolombii (3) femelle (sympétrum à nervures rouges):

 

LIBELLULIDAE Sympetrum fonscolombii 4 (sympetrum à nervures rouges femelle).JPG

 

Sympetrum fonscolombii (3) mâle, beaucoup plus ostensible:

 

LIBELLULIDAE Sympetrum fonscolombii 6 (sympetrum à nervures rouges mâle).JPG

 

Certains sympétrums, pour attirer notre attention, se livrent à de curieuses acrobaties.

 

LIBELLULIDAE Sympetrum fonscolombii 2 (sympetrum à nervures rouges femelle).JPG

 

Au fil des semaines, nous avons fini par rencontrer bien d'autres espèces.

Orthetrum cancellatum (3) (orthétrum réticulé):

 

LIBELLULIDAE Orthetrum cancellatum 1 (orthetrum réticulé femelle).JPG

 

Sympetrum sanguineum (3) (sympétrum rouge sang):

 

LIBELLULIDAE Sympetrum sanguineum 2 (sympetrum rouge sang femelle).JPG

 

Le spécimen précédent n'est, à l'évidence, pas rouge.

Il s'agit, en effet, d'une femelle.

Seul le mâle est rouge, mais il s'est dérobé de notre objectif.

 

Orthetrum brunneum (3) (orthétrum brun):

 

LIBELLULIDAE Orthetrum brunneum 1 (orthetrum brun femelle).JPG

 

Calopteryx splendens (3) (caloptéryx éclatant):

 

CALOPTERYGIDAE Calopteryx splendens 2 (calopteryx éclatant).JPG

 

Il faut relever que les libellules se répartissent en deux grands groupes: les demoiselles et les libellules proprement dites.

En gros, les premières disposent d'un abdomen gracile, les secondes sont plus imposantes.

Les noms scientifiques sont Zygoptera pour les premières et Anisoptera pour les secondes.

"Zygo" signifie double et le suffixe "ptera" les ailes: deux paires d'ailes identiques.

"Aniso" signifie inégal: deux paires d'ailes non identiques.

Zygoptera et Anisoptera définissent les deux sous-ordres de l'ordre des odonates (Odonata).

Odonata vient du mot "odontos" qui signifie dent.

Les odonates ont de grosses mâchoires "dentées".

Tout ceci, au début, parait bien compliqué.

Tragicomique?

 

timeo.jpg

(droits réservés)

 

Bref, Ischnura elegans est une demoiselle:

 

COENAGRIONIDAE Ischnura elegans 3 (agrion élégant).JPG

 

Et Sympetrum fonscolombii est une libellule:

 

LIBELLULIDAE Sympetrum fonscolombii 8 (sympetrum à nervures rouges mâle).JPG

 

Voici d'autres demoiselles.

Chalcolestes viridis (3) (leste verdoyant méridional):

 

LESTIDAE Chalcolestes viridis 4 (leste vert).JPG

 

Chalcolestes viridis, in copula:

 

LESTIDAE Chalcolestes viridis 7 (leste vert couple).JPG

 

La deuxième image permet aux profanes que nous sommes de comprendre l'usage des cercoïdes.

Les cercoïdes sont petits appendices situés au bout de l'abdomen des mâles libellules.

Ils servent à "choper" la femelle afin de copuler.

La forme des cercoïdes du mâle correspond à l'anatomie de la femelle.

Ainsi, un Anax éprouverait-il bien des difficultés s'il souhaitait s'envoyer en l'air avec une femelle Orthetrum par exemple.

 

Encore une demoiselle.

Lestes virens (3) (leste vert):

 

LESTIDAE Lestes virens virens.JPG

 

Chalcolestes viridis et Lestes virens se ressemblent.

La tache située au niveau des ailes, qui se nomme le ptérostigma, les différencie.

Celui-ci est jaune clair dans un cas, et brun foncé dans l'autre.

 

Pterostigma signifie "marque dans les ailes", de "stigma": "cicatrice, marque", et de "ptero": "aile".

Quant à cercoïdes, cela vient de "cerco": "queue".

 

cedupeuojus.jpg

(droits réservés)

 

Enfin, quelques libellules proprement dites.

Un Anax en plein repas (et oui, les libellules sont de grandes chasseresses avant tout).

Anax imperator (3) (anax empereur)

 

AESHNIDAE Anax imperator 2 (anax empereur).JPG

 

Et un Sympetrum, qui fut l'objet d'une double frustration.

Celle que suscite les clichés ratés pour une espèce rencontrée une seule fois.

Et celle de n'avoir rencontré, dans l'espèce donnée, qu'une vieille dame.

Sympetrum meridionale (3) (sympétrum méridional):

 

LIBELLULIDAE Sympetrum meridionale 2 (sympetrum méridional).JPG

 

Lorsque l'automne arrive, les libellules sont plus rares.

Chalcolestes viridis offre encore l'opportunité de photos curieuses.

 

LESTIDAE Chalcolestes viridis 1 (leste vert).JPG

 

Sympecma fusca, discrète, persiste jusqu'aux premiers jours de l'hiver.

On l'appelle d'ailleurs la brunette hivernale.

 

LESTIDAE Sympecma fusca 1 (brunette hivernale).JPG

 

Une dernière rencontre, avec, encore, une vieille dame fatiguée, mais toujours altière, et aux yeux très bleus.

Orthetrum coerulescens (3) (orthétrum bleuissant):

 

LIBELLULIDAE Orthetrum coerulescens 2 (orthetrum bleuissant femelle).JPG

 

Les ailes, très abîmées, ont été usées par les heures de vol.

Ce qui nous fait penser que les nôtres commencent aussi à peser.

Et que nous sommes devenus incapables de nous livrer aux acrobaties pratiquées par les libellules.

 

LIBELLULIDAE Sympetrum fonscolombii 7 (sympetrum à nervures rouges mâle).JPG

 

A l'exception toutefois de certaines.

 

LESTIDAE Chalcolestes viridis 6 (leste vert couple).JPG

 

Nous avons rencontré environ 20% des espèces présentes en France.

En quelques mois, sur un espace d'environ deux hectares.

Depuis, quelques espèces nouvelles se sont montrées, qui seront présentées dans d'autres articles consacrés aux odonates.

Nous ne savons pas si 20% représente beaucoup, ou si cela est banal.

Nous ne savons pas non plus combien d'espèces ont pu nous échapper car, évidemment, nous ne traînons pas tous les jours dans le jardin avec nos appareils photos.

Mais nous n'en espérions pas autant en créant notre mare.

Nous ne pensions pas non plus découvrir autant de beauté.



25/10/2016
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