LE JARDIN DE CHOUI ET LEIA

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Curieux, mais pas si marrants: les bombyles

Dans un autre article, nous nous sommes intéressés à une famille particulière de diptères: les syrphes.

Dans celui-ci, nous allons nous pencher sur une famille qui présente un certain nombre de similitudes avec celle des syrphes: les bombyles.

 

Certains bombyles ont ceci en commun avec les syrphes qu'ils procèdent, pour éviter la prédation, par mimétisme.

Les bombyles, qui sont des diptères, ressemblent aux abeilles ou aux bourdons.

Certes, leurs "déguisements" sont moins probants que ceux des syrphes.

Bombylius sp. (3):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius sp. 3.JPG

 

Mais leur comportement s'apparente bel et bien à celui des abeilles.

Bombylius sp. (3):

 

BOMBYLIIDAE  Bombylius sp. 2.JPG
 

De plus, pour mieux tromper l'adversaire, les bombyles "bourdonnent".

Ceci correspond à un mimétisme de type batésien.

Le mime adopte le comportement et l'apparence d'un insecte réputé dangereux, ce qui le protège de ses prédateurs.

Par exemple, celle-ci est à l'abri des araignées et des libellules (mais pas de la connerie):

 

adult-big-bumble-bee-costume.jpg
(droits réservés)

 

Par contre, celle-là n'a rien compris.

Car la fleur de marguerite risque d'attirer d'autres insectes vers des zones sensibles.

Et le maquillage n'est pas très ressemblant:

 

adult-honey-bee-costume.jpg
(droits réservés)

 

Le mimétisme, déjà évoqué dans l'article consacré aux syrphes, est un phénomène fascinant.

Combien de milliers, de millions d'années, pour qu'une espèce développe une stratégie adaptative de ce type?

Et surtout comment?

Le mimétisme "classique", ou mimétisme cryptique, consiste en se cacher, se fondre dans le paysage.

Les empuses le pratiquent.

Empusa pennata (3):

 

DICTYOPTERA EMPUSIDAE Empusa pennata 2.JPG

 

De même que les phasmes.

Pijnackeria hispanica (2):

 

PHASMATODEA HETERONEMIIDAE Pijnackeria hispanica 2.JPG
 

Une autre forme de mimétisme, dénommé l’auto-mimétisme, consiste à présenter un leurre inquiétant sur une partie du corps.

Souvent ce leurre imite un œil démesuré qui intimidera un éventuel prédateur.

De nombreux papillons utilisent cette technique en arborant des ocelles sur leurs ailles.

Lasiommata megera (3):

 

NYMPHALIDAE Lasiommata megera 3 (mégère  mâle).JPG

 

Dans de rares cas, chacun essaie d'intimider l'autre avec ses ocelles, mais cela ne présente, bien sûr, aucun intérêt.

Concours d'ocelles entre un tircis et un fadet:

 

IMG_7216.JPG

 

Les bombyles pratiquent donc, comme les syrphes, le mimétisme batésien.

Les similitudes entre les deux familles ne s'arrêtent pas là.

 

Syrphes et bombyles sont des insectes pollinisateurs.

Ils se nourrissent essentiellement de nectar.

Sphaerophoria interrupta (3) (un syrphe):

 

SYRPHIDAE Sphaerophoria interrupta 2.JPG

 

Bombylosoma sp. (3) (un bombyle):

 

BOMBYLIIDAE Bombylosoma sp. 5.JPG

 

Et ils sont adeptes, les uns comme les autres, du vol stationnaire.

Xanthogramma pedissequum (3) (un syrphe):

 

SYRPHIDAE Xanthogramma pedissequum 2.JPG

 

Bombylius sp. (3) (un bombyle):

 

IMG_7242.JPG

 

Par contre, à l'inverse des syrphes, les bombyles se posent rarement pour butiner.

Pour ce faire, Ils pratiquent souvent encore le vol stationnaire et récoltent le nectar grâce à leur longue trompe.

Bombylius sp. (3):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius sp. 6.JPG

 

Ils se comportent exactement comme les moro-sphinx, les deux espèces évoquant les oiseaux-mouches.

Macroglossum stellatarum (3):

 

SPHINGIDAE Macroglossum stellatarum 6.JPG

 

Les ailes des moro-sphinx se distinguent en général assez peu sur les clichés.

Pour les voir, il faut utiliser des vitesses d'ouverture très rapides.

Ici: 1/4000°

 

SPHINGIDAE Macroglossum stellatarum 7.JPG

 

En vol, le battement des ailes des bombyles est encore plus rapide.

Avec une vitesse d'ouverture inférieure à 1/1000°, on ne les distingue quasiment pas.

 

BOMBYLIIDAE Bombylius sp. 9.JPG  

 

Leur identification, souvent basées sur les ailes, devient, de fait, impossible.

Sauf dans le cas de quelques espèces dont l'abdomen présente une spécificité.

Bombylius analis (2):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius analis 1.JPG

 

Ou dans le cas d'espèces voisines, très reconnaissables.

Bombylella atra (3):

 

BOMBYLIIDAE Bombylella atra 1.JPG
 

Les bombyles ne nous facilitent vraiment pas la tâche car, même posé, souvent ils continuent de battre leurs ailes.

Bombylius sp. (3):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius sp. 4.JPG
 

Ce qui fait que tous les Bombylius, à une exception près, présenté jusque là dans cet article, sont étiquetés "sp.", c'est-à-dire "espèce indéterminée".

 

Certains comportements les obligent toutefois à suspendre leurs battements d'ailes.

Bombylius major (2) in copula:

 

BOMBYLIIDAE Bombylius major 2.JPG

 

D'autres  fois les bombyles se posent, tout simplement.

Sinon nous ne pourrions quasiment jamais les identifier à partir d'un simple cliché.

Bombylius major (2) (grand bombyle):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius major 1.JPG
 

Et parfois même, ils se reposent.

Bombylius fimbriatus (2):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius fimbriatus.JPG
 

Bombylius medius (3) (bombyle moyen):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius medius 1.JPG

 

Mais, globalement, ils ne sont pas faciles à identifier.

Dans certains cas, c'est l'habitus qui permet de les reconnaitre.

L'habitus, c'est, en quelque sorte, le flair de l'entomologiste.

Pas le nôtre, car nous ne sommes que des amateurs.

Mais celui des pros auxquels nous soumettons parfois nos observations.

Cf: le site "Le monde des insectes".

Bombylius posticus (2):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius trichurus 3.JPG

 

Bombylius venosus (2):

 

BOMBYLIIDAE Bombylius venosus.JPG

 

Cependant, malgré les embûches de la taxonomie, nous progressons.

Et, surtout, nous apprenons de nos erreurs.

 

Les bombyles ne sont pas les seuls insectes appartenant à la famille des Bombyliidae.

Les genres Anthrax, Villa, etc. en font aussi partie.

 

Certaines espèces de ces autres genres ressemblent aussi à des hyménoptères.

Villa hottentota (3):

 

BOMBYLIIDAE Villa hottentotta 2 (bombyle hottentot).JPG

  

Mais c'est loin d'être la règle.

Geron halteralis (2):

 

BOMBYLIIDAE Geron halteralis.JPG

 

De nombreux spécimens se remarquent par le fait que leurs ailes sont tachées de noir.

Anthrax trifasciatus (3):

 

BOMBYLIIDAE  Anthrax trifasciatus 4.JPG
  

Ce qui rend possible leur identification, car la disposition de ces taches varie.

Exhyalanthrax afer (3):

 

BOMBYLIIDAE Exhyalanthrax afer 2.JPG

 

Exoprosopa jachus (3):

 

BOMBYLIIDAE Exoprosopa jacchus 3.JPG 

  

Bien que d'apparence sympathique, les bombyles ne sont pas inoffensifs.

Hemipenthes morio (3):

 

BOMBYLIIDAE Hemipenthes morio 2.JPG

 

Ils le sont pour l'espèce humaine, évidemment.

Ce ne sont que des mouches.

Même s'ils disposent de patronymes parfois inquiétants.

Anthrax anthrax (3):

 

BOMBYLIIDAE Anthrax anthrax 2.JPG 

 

Mais ils ne le sont pas pour les autres insectes. 

Lomatia belzebul (2):

 

BOMBYLIIDAE Lomatia sp. 1.JPG

 

En effet, les bombyles parasitent les nids d'autres espèces (mouches, guêpes...)

Leurs larves mangent les réserves.

Et finissent par manger la larve de l'espèce hôte.

Et oui, ce n'est pas franchement élégant.

Les bombyles sont des infanticides.

 

M-le-Maudit2.jpg

(droits réservés)

 

C'est peut-être pour cela qu'ils arborent souvent des couleurs noires.

Ils portent le deuil de leurs victimes passées.

 

 



03/08/2019
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